Le système actuel par répartition et solidaire a besoin d’une tout autre réforme assurant le droit à quitter l’emploi à 60 ans avec une pension permettant de vivre correctement.
« Neuf Français sur dix qui partent à la retraite perçoivent une pension intégrant des éléments de solidarité constitutifs du système actuel et menacés par la réforme du gouvernement », Catherine Perret, secrétaire confédérale de la Cgt.
Le système français de retraite, mis sur pied au lendemain de la seconde guerre mondiale, a déjà fait l’objet de huit réformes.
Elles ont toutes été guidées par la volonté de remettre en cause le droit à partir en retraite à 60 ans institué en 1982, et d’obliger les salariés et les fonctionnaires à travailler plus longtemps.
Pour y parvenir, les gouvernements libéraux successifs ont eu recours à différentes mesures : prise en compte des 25 meilleures années de salaire dans le calcul des pensions, contre dix auparavant, pour les salariés du privé et allongement de la durée de cotisation dans le public, avec, pour conséquence, la baisse des pensions, en particulier des femmes et de celles et ceux ayant connu des périodes de chômage ou de précarité.
Le recul de l’âge de la retraite à 62 ans, poursuivait le même objectif, plaçant nombre de salariés devant l’obligation de travailler plus longtemps, voire jusqu’à 67 ans pour échapper à une décote de leur maigre pension.
Aujourd’hui, 40% des retraitées perçoivent, après une vie de travail, une pension inférieure au seuil de pauvreté.
Plus d’un salarié sur deux n’est déjà plus en emploi à 60 ans, plongé dans une situation d’extrême fragilité, voire au RSA pour une part non négligeable d’entre eux.
« Les travailleurs doivent pouvoir aborder la retraite avec un niveau de pension suffisant pour vivre correctement et à un âge qui permette d’aborder, sans incapacité, cette période d’une nouvelle vie qui est d’utilité économique et sociale », Catherine Perret, secrétaire confédérale de la Cgt, en charge des retraites et de la protection sociale.
Un changement de système qui ne dit pas son nom
La réforme annoncée pousse plus loin encore cette logique de réduction des dépenses sociales. Qualifiée de « paramétrique » par le gouvernement, car modifiant l’âge de départ à la retraite et le nombre de trimestres cotisés pour une pension à taux plein, cette réforme qui ouvre la voie notamment à la suppression des régimes spéciaux considérés comme trop coûteux et à une attaque renforcée contre les droits familiaux, induirait, en réalité, un changement en profondeur du système actuel.
Elle consacrerait aussi un basculement vers l’impôt, du financement des retraites dont le pilotage ne serait plus assuré par les représentants des salariés, mais par le gouvernement et le législateur, au détriment de la démocratie sociale.
Il est possible de trouver des recettes nouvelles
Si celle du gouvernement n’est pas la bonne, une réforme des retraites dans le cadre du système par répartition et solidaire, est nécessaire, qui garantisse notamment :
- de meilleures pensions, avec un minimum de 2000 € bruts pour tout le monde,
- un retour à 60 ans de l’âge de départ à la retraite à taux plein et à 55 ans pour toutes celles et tous ceux exerçant un métier pénible,
- la prise en compte dans la carrière et des années d’études.
Elle nécessite un financement de 120 milliards € d’ici 2070. Ces recettes supplémentaires peuvent, sans difficulté, être dégagées par la création des très nombreux emplois nécessaires notamment dans les services publics, par l’augmentation des salaires et l’instauration de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Elles peuvent aussi provenir, pour une part, des 159 milliards € que représentent les exonérations sociales sur les bas salaires, des 70 à 90 milliards € que coûte le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et d’une chasse efficace à la fraude fiscale pratiquée par les employeurs à hauteur de 100 milliards €, au bas mot, chaque année.